Introduction à la Route du thé et des chevaux

Depuis son entrée dans l'Histoire avec le Royaume de Dian au 4e siècle av. J.-C., le Yunnan a connu des échanges avec les nombreuses principautés et royaumes de Chine, du Tibet et d'Asie du Sud Est, donnant naissance à de nombreux sentiers d'échange... Moins célèbre que la Route de la Soie mais non moins intéressante, la Route du thé aussi appelée Route du Thé et des Chevaux – 茶马古道 Chá​mǎ​gǔ​dào en chinois mandarin – ou parfois Route de la Soie du Sud est un réseau de sentiers muletiers qui ont rayonné du sud Yunnan vers l'ensemble des régions consommatrices de thé, la Chine impériale et les Hauts plateaux tibétains en particulier. Il existe essentiellement deux "réseaux" de routes du thé, l'un au départ du Xishuang Banna dans le Sud Yunnan qui remonte vers le Nord, en direction du Tibet et des capitales chinoises, et un autre au Sichuan sur un axe Est-Ouest. Nous vous proposons ici d'explorer cette route du Yunnan, de la frontière du Laos aux confins tibétains !

 

Portées à dos de chevaux, de mules et de yaks mais aussi beaucoup à dos d'hommes, les marchandises étaient acheminées le long de cette route des caravanes au travers de la province du Yunnan. De sa frontière méridionale à 200 mètres d'altitude aux montagnes sacrées du Tibet au Nord (6740m pour la plus haute), le Yunnan offre une diversité géographique sans égale où presque tous les climats sont présents. La région est précisément au point de collision des plaques tectoniques indienne et eurasienne et les massifs montagneux l'ont placé à la croisée de la Chine, de l'Asie du Sud-Est, de l'Inde à proximité et des montagnes de l'Himalaya. À cette richesse morphologique et climatique s'est ajoutée une autre richesse inestimable : la région accueille un grand nombre de groupes ethniques qui ont migré ici à la recherche de conditions plus clémentes (ou parfois sous les coups de butoirs des 'barbares' du Nord).

 

Avec 85% de montagnes, la province du Yunnan n'a connu qu'un développement économique moderne tardif, laissant à chaque peuple le temps de son histoire et de sa culture, loin des influences souvent belliqueuses des civilisations voisines. Protégée par de hauts cols et de longues distances, chaque vallée a accueilli des populations aux langues et dialectes variés, aux croyances et traditions différentes, avec une vie quotidienne très variable selon les sols, les climats, les ressources naturelles et les techniques progressivement adoptées. Peu à peu absorbée par l'Empire chinois, mais aussi par le Royaume de Lanna au Sud, les Royaumes de Dali et de Nanzhao et plus au Nord les puissantes lamasseries tibétaines, la province du Yunnan offre aujourd'hui une mozaïque ethnique et culturelle hors norme. Les habitudes culinaires, l'habitat, l'art et l'artisanat, les pratiques religieuses sont autant de clef pour saisir cette province à proprement parler multi-culturelle.

 

Mais il est un bien précieux qui a faconné plus encore que d'autres les échanges entre ces nombreux peuples et leurs voisins : le thé. Les légendes qui introduisent le thé dans l'histoire sont nombreuses mais c'est essentiellement sous la dynastie Tang au 7e siècle de notre ère qu'il devient une boisson populaire et amène à des échanges croissants, en particulier à partir du 11e siècle sous la dynastie des Song. Le Yunnan connaît un développement plus vif de la culture du thé au 13e siècle ainsi qu'au 18e siècle sous l'impulsion de l'Empereur. Les sentiers sont parcourus jusqu'à la seconde partie du 20e siècle !

 

Vous trouverez ci-dessous une description rapide d'une trentaine d'étapes ou de haltes sur cette route du thé (ou à ses abords). Nos lieux de prédilections pour la randonnée en montagne sont encadrés de rose, les autres lieux plus culturels qu'il est possible de visiter entre deux marches sont encadrés de bleu. Cette liste ne se veut pas exhaustive et nous pourrions vous en proposez d'autres, mais nous en gardons aussi quelques unes que nous partagerons avec vous une fois sur place. Voilà douze ans que nous explorons ces contrées et souhaitons garder la primeur de certaines adresses à nos amis et clients ! Sans rancune :)  Pour les curieux vous trouverez enfin ici le lien pour un article du New York Times qui relate quelques jours de marche en notre compagnie et ici le lien de l'émission Faut pas Rêver à laquelle nous avons modestement contribué (ou directement ici pour y voir votre serviteur).

Carte de la Route du thé et des Chevaux
Route vers le Sud

En provenance de France ou d'Europe (rappelons qu'il existe un vol direct Paris-Kunming avec China Eastern 3 fois par semaine, alliance SkyTeam d'Air France) ou en provenance des grandes villes d'Asie, Kunming est la porte d'entre la plus probable pour votre voyage le long de cette Route du thé. Il vous est possible de poursuivre par les airs vers la capitale du Sud Yunnan - l'aéroport Gasa de Jinghong a pour code IATA JHG - ou de prendre la route pour rejoindre cette région du Xishuang Banna, le coeur historique de la production de thé et point de départ des caravanes vers le Nord.

 

Si votre temps est compté et que vous souhaitez vous en tenir au tracé historique principal, il vous est possible en effet de ne commencer votre voyage qu'à Jinghong, mais si le temps vous y autorise et le coeur vous en dit, il serait dommage de ne pas descendre à Jianshui, autrefois appelé Lin An, où l'ancien Consulat français maintenait son influence dans la région, à quelques heures de train de l'Indochine. Les Rizières de Yuanyang sont également un lieu à ne pas manquer, même s'il n'est pas vraiment lié à notre thème du thé et de ses caravanes.

Halte à Kunming 昆明 (et sa région)

La ville même de Kunming a connu un développement récent à l'image de la Chine : fulgurant, parfois majestueux mais souvent déprimant (pour ceux qui ont connu l'ancienne bourgade en 2006). S'il est encore quelques lieux qui valent le coup d'oeil (lac d'Emeraude, temple Yuantong, hotel Silver Chest, musée des minorités ou celui du train, temple des bambous, etc.) nous préferons en général quitter le béton et la pollution pour explorer la région. En banlieue Sud de la ville, le quartier de Guandu offre notamment une vieille artère commerçante mais surtout le nouveau musée provincial que nous recommandons chaudement !

Les Terres Rouges de Dongchuan (Hongtudi) offrent de belles rando-ballades dans un espace collinaire aux nombreuses couleurs et les couchers de soleil dans la vallée de Luoxiagou sont sans égaux. À 2-3 heures de Kunming
La Forêt de Pierres de Shilin 石林 n'est plus à présenter : des millions de pitons rocheux karstiques aux nombreuses forment s'érigent vers le ciel qui fascinnent les (trop) nombreux touristes et les habitants Yi-Sani des lieux.
Les champs de colza de Luoping valent aussi quelques photos au printemps...

...mais ne nous y trompons pas : sur la route du thé, ce sont les marchés au thé de la ville de Kunming qui retiennent notre attention !

Les rizières de Yuanyang 元阳 (2 jours)

Sur la route du thé et des chevaux

Après le petit-déjeuner, nous prenons la route en direction de Nansha puis le village de Xinjie, plus connu sous le nom de Yuanyang. Après le déjeuner, nous partons à pied depuis Xinjie, et entamons une descente au fond des rizières. Nous remontons ensuite sur l'autre versant pour finir cette randonnée au village de Shengcun, où nous attend la voiture qui nous conduit ensuite à Duoyishu. Nous y passerons nos deux prochaines nuits.
Une seconde journée nous permet de marcher complète dans les rizières toute la journée : nous profitons des plus beau panoramas sur les rizières en terrasse vieilles de 1300 ans, et façonnées par la minorité Hani. Au départ et au retour de Shengcun, nous effectueons une grande boucle dans les rizières qui nous fait passer par différents points de vue remarquables et traverser différents villages.

Jianshui 建水 et ses environs

Parmi les nombreux lieux dont la visite vaut le détour, nous visitons à Jianshui : le temple de Confucius, construit en 1285, qui est le 2e plus grand lieu dédié à Confucius en Chine, la maison Zhu construite sous la dynastie Qing, et qui a survécu aux années 60/70. C'est un réel plaisir de déambuler de pièce en pièce (la maison compte 42 patios!) où une grande partie du mobilier d'époque a été conservé ; la porte Chaoyang, construite sous la dynastie Ming, se visite et offre un beau panorama sur la vieille ville et les environs. Des expositions y ont souvent lieu, mettant à jour des photos et documents d'archives témoignant entre autre de la présence française dans le Yunnan, notamment la construction du chemin de fer Kunming-Haiphong au début du XXe siècle.
Après le déjeuner, nous partons de la vieille ville à vélo en direction du village historique de Tuanshan. Nous empruntons une route de campagne, peu fréquentée et jalonnée de ponts anciens, dont le plus connu est le pont du double dragon. Après une heure et demi à pédaler, nous déposons les vélos à l'entrée de Tuanshan et visitons le village à pied. C'est un des rares exemples subsistant de village traditionnel fortifié du Yunnan. Cette excursion peut aussi se faire en voiture ou en train.
Il est également recomamndé d'aller découvrir les ateliers de potiers où les plus belles théières de la région sont façonnées, ciselées et peintes !

Jinghong et la région du Xishuang Banna

Découvrir le Xishuangbanna signifie cheminer entre collines et petites montagnes, dans les plantations du fameux thé Pu’er, dans la forêt tropicale, traverser et séjourner dans les villages des groupes ethniques qui peuplent ce carrefour culturel.

Cette région du Sud Ouest du Yunnan est frontalière du Myanmar (Birmanie), du Laos et du Vietnam. Elle est traversée par le Mékong qui continue sa course vers le Sud. C'est le coeur de la production de thé Pu'er (puerh), origine de la partie chinoise de la route du thé et des chevaux, de ses ramifications ainsi que d’autres routes commerciales historiques qui s’étendaient vers la péninsule indochinoise au sud, la Birmanie à l'Ouest et le Tibet et le reste de l'empire chinois au Nord.

La religion dominante est le bouddhisme Theravada aussi appelé bouddhisme Pali ou du Petit Véhicule (en opposition au Bouddhisme du Grand Véhicule de Chine et du Tibet). On distingue facilement ce bouddhisme par la couleur orange flamboyant des robes de ses moines ou encore par ses temples aux pointes effilées. L’Asie du Sud-Est est marquée par cette philosophie et la ferveur populaire est toujours vivante, tels qu’en témoignent les temples et stupas érigés à chaque village et les nombreuses écoles bouddhistes. Le chamanisme reste néanmoins présent dans les campagnes, parmi d'autres groupes ethniques comme les Akha par exemple.

 

Ville de Jinghong 景洪

Jinghong, préfecture autonome de la ‘minorité’ Dai et ancienne capitale royale du royaume Tai de Sipsongpanna (Xishuangbanna en pinyin moderne), intègre l'Empire chinois sous la dynastie Ming (i.e. commence à payer le tribut) au début du 15e siècle (avant d'être conquis en 16e siècle par la dynastie birmane Toungoo). Cette capitale du Sud qui rappelle l'ambiance de Thailande à laquelle elle est historiquement apparentée offre une base remarquable pour explorer la région et ses nombreuses 'jardins' et montagnes à thé.
Au delà de la cuisine locale dai et de la visite possible des temples bouddhistes (de l'école theravāda, différente du mahāyāna du reste de la Chine), nous prenons le temps de découvrir les différents marchés et vendeurs de thé, et bien sûr d'y goûter les différents crus de thé sheng, shu (qui sont les deux variétés de thé Puerh) ainsi que dian hong (thé noir du Yunnan)... Voyage des sens garanti !

NanNuo Shan 南糯山

Au départ de Jinghong, la montagne Nannuo est la plus proche des montagnes à l'Ouest du Mékong mais n'en ai pas moins intéressante avec de beaux jardins à thé et plusieurs sentiers de randonnée parmi les villages, les cultures et la forêt subtropicale. Montagne au microclimat modéré (ni trop froid en hiver ni trop chaud en été), elle est essentiellement habitée par l'ethnie Hani et on y a retrouvé des traces de culture du thé dès la dynastie Tang (7e-10e siècle). On y trouve notamment le "Roi des anciens théiers" dont l'âge avoisinne les 800 ans et la taille les 15 mètres de haut... Au delà du thé puerh, on y produit aussi du thé rouge Dianhong.

Montagne Yiwu 易武山

Parmi les 6 montagnes à thé historiques d l'Est du fleuve, la montagne d'Yiwu est peut-être celle qui a le plus d'intérêt historique avec une borne érigée sous la dynastie Ming qui symbolise le point de rencontre sur la Route du Thé et des Chevaux entre les voies du Sud (vers le Laos et l'Asie du Sud Est) et celles du Nord (vers l'Empire chinois et le Tibet).
Les théiers de la montagne étaient initialement cultivé par des Bulang avant que les Han ne prennent le relais sous la synastie Qing. C'est environ 1000 hectares de culture plus ou moins éparses entre 800 et 2000m d'altitude pour environ 600 tonnes de thé produit par an. C'est un plaisir que de se promener dans les vieilles ruelles et de s'inviter chez les producteurs ou marchands et d'y déguster leurs merveilles...
Les autres montagnes de l'Est sont Youle (Jinuo), Mangzhi, Gedeng, Manzhuan et Yibang.

Manfeilong 曼飞龙 à Damenglong 大勐龙 /

À 60 kilomètres au Sud de Jinghong, les pagodes du village de Damenglong 大勐龙 valent l'aller-retour. La plus importante d'entre elles - Manfeilong - a été construite au 13e siècle et est de couleur blanche. Ses neuf stupa lui ont donné la forme d'une pousse de bambou. Elle fait partie des trésors du bouddhisme theravada de la région. La légende voudrait que le Bouddha Sakyamuni y ait laissé son empreinte. Une autre pagode - noire - en hauteur offre une vue panoramique des lieux.

Montagne JinNuo 基诺山

Parmi les Six montagnes célèbres de l'Est du fleuve Mékong, la montagne de Jinuo – aussi traditionnellement appelée Yōulè 攸樂山 – est peut-être l'une des plus agressées avec une quantité croissante d’hévéas (plantés pour leur caoutchouc) et de nombreuses plantations de jeunes théiers – taillés et cultivés en terrasses pour une cueillette accélérée. 300 hectares cultivés pour environ 200 tonnes annuelles... Mais il reste fort heureusement de nombreux 'jardins' à thé qui valent le détour, et dont les crus raviront les papilles des amateurs de thé comme des ceux plus confirmés.
La montagne Jinuo est aussi le lieu de vie de la dernière ethnie reconnue en Chine (en 1979) que le gouvernement local a "mis en valeur" dans un "parc"... Rassurez-vous, nous avons quelques amis locaux (hors du parc !) qui pourront nous recevoir en toute simplicité et nous parler de leur culture et de la place que le thé à pour eux. Le thé de YouLe (i.e. Jinuo) est parfois réputé pour être plus vif – que le thé des autres six montagnes de l'Est du Mekong, mais cela prêt à un débat que nous vous invitons à rejoindre, sur place, autour d'une table à thé...
Il est par ailleurs quelques rando-ballades que nous pouvons parcourir.

Le long du Mékong

Au départ de Jinghong nous partons vers l'Ouest pour traverser la plaine de Menghai. Cette grande vallée fertile est cultivée par les Dai (ethnie majoritaire du Xishuangbanna, apparentée aux Thai de Thailande). Parmi les différents lieux que nous allons visiter, il est un village où la fabrication traditionelle du papier est maintenue. L'écorce d'un arbre local est bouillie et traitée puis tamisée et enfin séchée au soleil.  Menghai est également connu des consommateurs de thé depuis la fondation en 1940 de la Menghai Tea Factory (à l'époque sous le nom de Fo Hai Experimental Tea Factory et aujourd'hui connue sous le nom de Dayi 大益) dont la réputation pour les thé Pu'er n'est plus à faire.

Nous prenons ensuite la direction du Nord pour rejoindre les contrées de Jingmai dont le thé est également très réputé. Dès le 2e siècle avant notre ère, l'ethnie Bulang (Blang) a entamé la culture de théiers sauvages. À partir du 3e siècle ap. J.-C., la domestication des théiers a permis le dévelopement de sa production et des échanges. Les 'jardins' de Manggeng-Mengben, de Dapingzhang-Nuogang et ceux de Mangjing accueillent plus d'un million de vieux théiers dont certains ont plus de 1400 ans ! Nous marchons dans le coeur de ces forêts et nous arrêtons pour en déguster les feuilles.

Menghai 勐海 & Jingmai 景迈

Sur la route du thé et des chevaux

Le district de Menghai et la grande plaine éponyme représente le coeur de la culture Dai, c'est aussi le grenier du Banna ! Sur la route du Nord, il est incontournable de s'arrêter visiter la Pagode octogonale de Jingzhen 景真八角亭 (non loin de Mengzhe). Restauré au début des années 1980, ce temple theravada est l'occasion d'approfondir votre connaissance du bouddhisme et de ses différentes écoles.
Si le temps s'y prête, il est un village appelé Manzhao 曼召 un peu au Sud de Mengzhe où nous pouvons observer les étapes de confection traditionelle du papier qui emballe les gallettes de thé. Ce papier est fait à base d'une écorce (technique similaire à celle utilisée en Auvergne). Si les femmes à l'oeuvre font cela avec agilité, vous pourrez essayer par vous même, il faut un bon coup de main !
Nous quittons ensuite la région du Xishuangbanna pour le district de Pu'er, en direction de Lincang vers la montagne de Jingmai. Le village principal de Mangjing est une bonne adresse pour rayonner dans les environs et flâner au coeur de différents jardins avec nos amis Bulang. Nos profitons des lieux pour déguster quelques crus qui sont vendus des centaines d'euros sur les marchés...

Lancang 澜沧 & Lincang 临沧

Après quitté la montagne de Jingmai et passé la ville de Lancang, il nous est possible de nous arrêter dans la bourgade de Fudong pour aller découvrir un arbre millénaire qui fait l'objet de beaucoup de spéculation : le théier de Bangwei. Estimé à 1700 ans et haut de 12m il produit environ 15kg de thé par an et celui-ci vaut plus cher que l'or (plus de 40 euros le gramme !).
Pour les amateurs d'art rupestre, il est possible de se rendre en direction de la frontière birmane pour visiter les peintures de Cangyuan qui datent d'il y a 3000 ans.
Aux abords de la ville de Lincang, plusieurs montagnes à thé (dont DaXue Shan) offrent la possibilité de découvrir les différents terroirs de Lincang : le thé puerh qui y est produit est significativement différent de ceux du Banna, de Puer ou de Boashan...

Route de la Soie du Sud

Historiquement, de SiMao (devenu Pu'er), l'essentiel des caravanes prenait la direction du Nord le long des vallées des fleuves Salween, Mekong et également Yangzi. Mais d'autres routes de caravaniers effectuaient le trajet vers la Birmanie et l'Inde, au départ de Dali vers Yongping (Bonan à l'époque) et Baoshan (Yongchang) puis Tengchong (Dianyue) et la , sur un axe Est-Ouest.

Nous vous proposons d'explorer la région de Tengchong (dont le village de Heshun) qui a su préserver de beaux vestiges de ces époques. Relativement épargné par les affres de la révolution durant la modernisation récente du pays, ce "bout du monde" chinois témoigne d'une Chine ancienne aujourd'hui disparue. À titre d'exemple, plusieures familles ont gardé en état leurs temples familiaux qui peuvent être visité. Ponts centenaires, temples et palais, cascades ou encore l'ancien Consulat Britannique sont autant de lieux que nous pouvons explorer. Également connue pour ses volcans et sources chaudes, nous prendrons le temps également de nous détendre et de profiter des traditions culinaires locales !

Entre Tenchong et Baoshan, nous pouvons choisir de partir randonner sur un sentier pavé alors parcouru par les porteurs et caravaniers pour franchir le massif de GaoligongShan 高黎贡山 qui sépare le fleuve Salween et la région de Dali d'une part et l'Extreme-Ouest de la région et la Birmanie. Ce sentier historique traverse une zone naturelle protégée qui fait le bonheur des passionnés de faune et de flore...

Tengchong 腾冲 & Heshun 和顺

Connue pour son passé volcanique et ses nombreuses sources chaudes, la région de Tengchong connu un développement économique précoce dès la dynastie Han au début de notre ère a servi tout au long de l'histoire de porte de la Route de la Soie (la route de Bonan) vers la Birmanie jusqu'en Bactrie. Enplacement stratégique, les lieux furent sous influence britannique et son ancien consulat peut être visité aujourd'hui. Parmi les nombreuses marchandises échangées, le jade produit localement (village de HeHua), le précieux papier xuanzhe et l'huile de thé étaient très appréciés.
Des nombreuses promenades possibles, celle dans la montagne taoïste Yunfeng vous permet de prendre de la hauteur. Différents monuments dédiés à la liberation de la région contre les Japonais, le rôle du Kuomintang et celui des Flying Tigers peuvent être visité également.
Parmis les charmants villages de la région, ceux de Qiluo ou de Heshun valent le détour. Le commerce florissant de la Route de la Soie a permis au village de prospéré et les familles locales ont investi générations après générations dans l'éducation de leurs enfants et faire de Heshun un haut lieu de culture, dont témoigne encore aujourd'hui la librairie et de magnifiques résidences, ponts et bassins ornés.

Baoshan 保山 & Gaoligongshan 高黎贡山

Cinquième région productrice de thé puerh (avec le Banna, Puer, Lincang et Xiaguan), la région de Baoshan est aussi l'un des poumons de la culture du café dans le Yunnan. Mais notre itinéraire nous mène plus volontiers dans le massif de Gaoligongshan où une marche à la journée sur les anciens pavés des caravanes nous fait traverser une splendide réserve naturelle où de nombreuses espèces protégées peuvent être observées.
Cette réserve 'biosphère' classée par l'UNESCO héberge de nombreux singes (macaques, gibbons, etc.), léopards, pangolins, ours et pandas, cerfs, différentes espèces de faisans, aigles... et plus de 2500 espèces végétales endémiques dont de nombreuses orchidées et azalées.

Dali et sa région

La grande région de Dali (Weishan & Weibaoshan, Dali, Shaxi & Shibaoshan) est une bonne introduction pour se dégourdir les jambes et les papilles, découvrir la faune et la flore du Nord Yunnan et terminer de préparer nos futures étapes vers le Nord et les marches de l'Himalaya...

Vieille ville de Dali et ses villages 大理古城

La vieille ville de Dali n'est plus a présenter tant nous en parlons sur ce site, c'est notamment le siège de notre agence depuis plus de dix ans...
Disons simplement que cette bourgade (hélas toujours un peu plus touristique) offre le bon équilibre entre le Nord tibétain et le Sud subtropical, entre les montagnes et les lacs et leurs plaines, à quelques heures de Kunming et à peine plus du Tibet. La vie locale, ses marchés, ses temples, ses agriculteurs et ses hipsters (et oui...) ont contribué à faire de ce lieu un passage incontournable pour toutes les aventures du Nord Yunnan.

Vallée des fleurs 花甸坝 et Monts Cang 苍山

Aux abords de Dali, les Monts Cang culminent à 4122m et longe l'ensemble de la plaine et du lac de Dali sur 40km. Parmi les nombreuses randonnées possibles, l'un de nos préférées est celle de la vallée des fleurs qui se fait en 2 jours. Au printemps, des millions de rhododendrons et azalées fleurissent !
Nous quittons Dali après le petit déjeuner en minivan pour rejoindre le village de Xizhou et commençons à marcher sur une piste puis sur un sentier à travers une forêt de conifères : cet ancien sentier de muletier est dit être l’une des anciennes voies historiques de la route caravanières du thé et des chevaux. Une stèle commémorative rappelle qu’il fut élargi et pavé en 1958.
Nous profitons progressivement d’une vue sur les rives du lac en suivant la rivière à l’ombre des pins. Les arbres se raréfient, nous marchons sur la face Nord de la montagne avant de renter dans une vallée située à 3000m d’altitude. Des maisons et ruines en pierre bordent la piste ici et là. Cette vallée de terre rouge est magnifique en période printanière : les yaks et les moutons paissent, les fleurs égayent cette étendue encaissée dans la chaîne des Cangshan. Arrivés à un hameau (~2955m) de quelques maisons nous dormons dans une ferme-refuge rustique pour la nuit.
Le 2e jour commence par une ascension d'une heure jusqu'à atteindre un plateau d'altitude (~3200m). La marche se fait sur un terrain plat et agréable.
Les Cangshan sont un massif connu pour son marbre qui se dit « pierre de Dali » 大理石 en mandarin. Nous remontons vers la crête des Cangshan et traversons plusieurs prairies. Une longue descente nous mène au village de Shaping, avec des vues magnifiques sur le lac où un véhicule nous attend pour notre retour.

Donglianhua 东莲花村

À une trentaine de kilomètres au Sud de Dali (sur la route de Weishan), le petit village de Donglianhua est un symbole de la présence musulmane dans le Yunnan, avec sa moquée construite pendant la Dynastie des Qing au milieu du village. Dernière province rebelle de l'Empire conquise par Kubilai Khan (petit fils de Gengis Khan), le Yunnan a connu d'âpres batailles au 13e siècle avant de le voir réintegré à l'ensemble impérial. Les généraux ont remercié leurs mercenaires - musulmans pour bonne part - et une partie d'entre eux est resté sur place pour se convertir au commerce. L'architecture locale témoigne de leur prospérité sur cette route du Thé et des Chevaux. On peut entre autre visiter l'une des anciennes demeures de la famille Ma et son petit musée. Il est dit que le clan eu ainsi jusqu'à 350 chevaux pour leurs caravanes !

Lac Erhai 洱海湖 & bourg de Xizhou 喜州

Situé à quelques kilomètres de l'ancienne capitale du Royaume de Nanzhao, la bourgade de Xizhou a su se développer et tirer profit de sa position sur la route du Thé et des Cheuvaux. Son commerce propospère sous la dynastie Ming (14e-17e) a enrichi les commerçants et artisans bai, constituant peu à peu une élite intellectuelle qui rayona dans l'Est de la Chine. L'architecture bai (notamment avec ses cours intérieures qui évoquent les SiHeYuan de Pékin) est ici mise en valeur.
Aussi après un petit-déjeuner pris dans la vieille ville de Dali, nous partons
en direction de Xizhou (30min) et prenons le temps de déambuler
dans les ruelles, de visiter le marché quotidien, et de visiter certaines bâtisses traditionnelles entretenues par le gouvernement local et ouvertes au public où vivent encore des familles de l'ethnie Bai. Les villages à proximité comme celui de Zhoucheng offrent une vie rurale encore très vive et l'artisanat (notamment les Batik aux couleur de l'indigo) continue de se développer.
La route circulaire du lac offre de très belles vues sur ledit Lac Erhai (en forme d'oreille dit-on) et les montagnes Cang. Selon les jours de la semaine d'autres marchés hebdomadaires peuvent valoir le coup d'oeil, au gré des saisons agricoles...

Weishan 巍山 & Weibaoshan 巍宝山

À une heure de route de Dali, la bourgade de Weishan avec son vieux quartier mérite d'y flaner quelques minutes ou d'y déjeuner. Quelques 30 min plus tard nous font rejoindre le parc de Weibaoshan.
De nombreux temples taoïstes (et quelques uns bouddhistes) marquent le sentier et nous pouvons marcher de l’un à autre ; le sentier est pavé et large. Un peu plus de 9 kilomètres pour effectuer une boucle qui nous fait passer par le plus haut temple et sa vue panoramique sur la région avant de redescendre vers le parking initial.
Il est également possible de faire une plus petite boucle et de se concentrer sur la partie basse de la montagne où se situent la majorité des temples.

Wuliangshan 无量山

Un peu plus au Sud de Dali, pour les amateurs de belles forêts et de thé, la montagne Wuliang dans le district de Nanjian offre de belles suprises, nous contacter pour en savoir plus !

Shaxi ou le coeur de la Route du Thé

En partance de Dali, nous prenons une route peu parcourue des touristes pour nous rendre dans le village de Nuodeng, réputé pour le sel qui y est extrait et plus encore pour ses jambons que nous dégusterons sur place ! Nous découvrons le village et ses ruelles pavées, son temple dédié à Confucius et de vieux sentiers muletiers.

Nous pouvons ensuite au choix prendre la route pour nous rendre vers Shaxi... où choisir de nous y rendre à pied ! Nous empruntons les sentiers muletiers qui rallie les villages de Misha en passant par le hameau de Mapingguan avant d'atteindre le vieux bourg de Shaxi...

Sur la route des caravanes, ce petit village admirablement restauré sous la supervision de la Suisse et du World Monument Fund, sort de l’ordinaire et donne à vivre cette ancienne époque des caravansérails. Nous visiterons entre autres : le vieux bourg, l’opéra Bai, le musée (sur la routé du thé et des chevaux bien entendu), les Monts ShibaoShan et leurs grottes bouddhistes Bai, les villages Bai et Yi de la plaine de Shaxi.

Vieux bourg de Shaxi 沙溪古镇

Sur la route du thé et des chevaux

Le vieux bourg de Shaxi est unique en Chine, un espace presque hors du temps et de la modernité, qui fut admirablement restauré récemment. Cette perle d’architecture sur l’ancienne route du thé offre à saisir l'ambiance des caravanes. Nous y visitons la vieille ville et son opéra (le plus vieux du Yunnan) ainsi que quelques lieux historiques. Si l'envie est au rendez- vous, nous pouvons également partir pendant 2 heures pour une marche douce qui nous emmène dans les rizières et villages environnants.
La place centrale Sideng du village vaut à elle seule le détour, avec d'une part son opéra centenaire et d'autre part le temple Xingjiao construit sous les Ming. Son architecture, ses expositions, ses dieux gardiens et ses bouddhas devraient retenir votre attention. Les différentes portes de la ville marquent l'entrée et la sortie des caravanes qui venaient ainsi se reposer et échanger leurs marchandises. Les caravansérails et demeures historiques abondent, nous aimons en particulier la maison Ouyang et le Laomadian...

Shibaoshan 石宝山 (½ journée)

Après le petit déjeuner à Shaxi, nous prenons la route pour parcourir les trois kilomètres qui nous séparent du début de la marche. Un sentier large, dallé, se dirige progressivement vers les hauteurs du temple Shizhong 石钟寺. Après avoir passé le parking - duquel nous avons une vue sans pareil sur la plaine de Shaxi - nous pouvons descendre vers le temple et y visiter les fresques bouddhistes qui datent du Royaume de Nanzhao au 9e siècle. On y observe des bas reliefs représentant les rois de Nanzhao, différents bouddhas, boddhisattvas et autres gardiens du bouddhisme, etc. Les influences tibétaine d’une part et indienne d’autre part sont très nettes et ont contribué à former ce bouddhisme Bai « ésotérique » si particulier. Les lieux sont par ailleurs classés patrimoine national depuis 1961.
Cette première partie de marche se fait sans difficulté avec un peu moins de 4km de distance. Après avoir visité ce 1er temple, nous nous rendons en minibus vers un 2nd où des singes cohabitent : le temple Baoxiang 宝相寺. Celui-ci fut construit sous la dynastie Yuan en ~1291.

Mapingguan 马坪关 & Misha 弥沙

Parmi les différentes randonnées dans la région de Shaxi, l'une d'entre elles offre à découvrir les anciens sentiers muletiers et leur villages d'étapes : le sentier de Shaxi vers le hameau de Mapingguan qui se prolonge toujours plus vers l'Est vers le village de Misha, par ailleurs célèbre pour ses puits de sel. Différentes pistes caravanières ont traversées les lieux, au gré des époques et des produits transportés (le thé et le sel en tête).
Différentes options de marche s'offrent à nous, de quelques heures à trois jours, à travers les montagnes entourant la vallée de Shaxi. L'itinérance dans ces montagnes des ethnies Bai et Yi dont les villages de ces-derniers occupent les parties situées plus en altitude offrent notamment à voir azalées, rhododendrons, conifères, et arbres fruitiers tout au long du sentier.

Un article en anglais du New York Times relate quelques jours de marche dans ces lieux : Following the Ancient Tea-Horse Road. Or at Least Trying

Village de Nuodeng 诺邓古村

Hors de routes passantes, le village de Nuodeng est une autre perle de la route du thé. Connu dès la dynastie Tang (7e-9e siècles) pour son sel extrait des montagnes - et qui lui a assuré une prospérité sans pareil pour l'époque - le village de Nuodeng est situé de part et d'autre de la rivière Bijiang. Celle-ci serpente de telle sorte qu'elle forme ici un symbole du yin et du yang. Plus que sel, c'est aujourd'hui son jambon réputé qui a refait sortir de l'oubli ce village... Bon appétit !
Une balade possible dans les hauteurs du village nous mène au temple de Confucius et son monastère...

De Lijiang à Shangri-La

Classée au patrimoine mondial de l’Humanité, la vieille ville de Lijiang fait rayonner la culture Naxi/Dongba. Nous visiterons entre autres : la vieille ville de Lijiang (architecture), les parcs de la vieille ville, un centre dédié à culture ancestrale Dongba/Naxi, son marché quotidien pittoresque, ses villages avoisinants dont Shuhe, le parc et les fresques murales de Baisha.

Si la vieille ville est très touristique, votre guide saura vous emmener aux meilleures heures, hors des sentiers battus pour profiter des lieux, et nous équilibrerons avec des villages plus paisibles.

Depuis Lijiang, nous partons vers le Nord jusqu'à la petite ville de Qiaotou – entrée des (trop) célèbres Gorges du Saut du Tigre – que nous allons traverser pour rejoindre la vieille route qui passe par le village de Haba et celui de Baishuitai. Cette superbe route de montagne nous donne un sentiment d'une entrée progressive vers le monde tibétain et ses hauts plateaux. Les paysages de la route sont mémorables et nous pouvons nous arrêter quelques instants à Bashuitai. Dans le village Baidi coule une eau de source riche en carbonate de calcium qui "pétrifie" la végétation et les terrasses successives,aux couleurs blanches, grises et bleues-vertes selon les algues qui s'y développent.

Vieille ville de Lijiang 丽江古城

L'histoire de la ville de Lijiang est celle du peuple Naxi et de la famille Mu qui a régné du 13e au 18e siècle en ces lieux. Mais c'est aussi celle du développement touristique de la province et le classement par l'UNESCO en 1997 des lieux qui ont contribué à son développement... et à ses flux démesurés de touristes qui inondent la vieille ville et qui ont chassé les locaux à l'extérieur... Il n'en reste pas moins que ces lieux sont superbes et prêtent à la promenade, d'autant plus calme qu'elle est matinale (avant 9h recommandé !). Nous vous proposond de profiter du Parc de l'Etang du Dragon Noir à son ouverture avant de flâner dans les nombreuses ruelles bordées de canaux, telle une petite Venise, et de finir au marché de la vieille ville, l'un des plus vivant du Yunnan... à moins que vous ne préfériez prendre de la hauteur dans la colline du Lion et admirer les toits unis en bois de la vieille ville...

Shigu 石鼓古镇 et la 1e boucle du Yangzi 长江第一湾

Le village de Shigu - à mi chemein entre Lijiang et Shangri-La - et son fleuve sont trois fois célèbres :
- le changement de du fleuve Yangzi est si caractéristique qu'on le considère comme la première boucle du Yangzi. En provenance du Nord tibétain, le fleuve tourne autour du village et repart de nouveau vers le Nord-Est en direction des Gorges du Saut du Tigre...
- au 13e siècle il est dit que les troupes de Kubilai Khan ont ici franchi le fleuve pour envahir le reste du Yunnan...
- et c'est aussi ici que l'Armée Rouge durant la Longue Marche a franchi le fleuve dans la guerre contre les envahisseurs japonais...
Cette position si stratégique et la richesse en minerai de son sous-sol ont fait de Shigu un lieu incontournable de l'histoire. Une promenade dans le vieux bourg à proximité peut valoir la peine (selon l'affluence touristique).

Baisha 白沙

À quelques kilomètres au Nord de Lijiang, dans la la plaine au pied du massif du Dragon de Jade, le village de Baisha offre une escapade hors du flux touristique. "Sables blancs" en chinois, Baisha fut la capitale de l'ancien Royaume Naxi 纳西古王国 qui intègre l'Empire Yuan au 13e siècle. Les vieilles maisons d'adobes et de bois sont ici entretenues sans le vernis ripoliné de Lijiang. Au delà de la célébrité d'un vieux docteur chinois (Dr He), ce sont les fresques murales 白沙壁画 de la dynastie Ming dans le Palais Dabaoji 大宝积宫 qui attirent quelques touristes passionnés. À la croisée des influences tibétaines, bai, naxi et han, les scènes peintes des légendes taoïstes et bouddhistes... Pour les passionnés d'artisanat local, deux écoles de broderie sont ouvertes au public.

Shuhe 束河

Présenté comme le premier lieu d'habitation des ancêtres Naxi, Shuhe est aussi la soupape touristique de la ville de Lijiang. Aussi en fonction de l'affluence, il est possible de flâner dans ses ruelles pittoresques et de profiter d'une ambiance paisible et agricole, ou au contraire cela peut tourner à devoir faire la queue ou jouer des épaules ici et là.
Votre guide saura naviguer au meilleur moment pour visiter les lieux, découvrir la tradition du cuir et le musée local de la Route du Thé et des Chevaux qui vaut assurément le détour ! Le vieux pont de pierre Qinglong (400 ans d'âge) également.

Nord Yunnan : le Sud du Kham

Porte Sud du Kham (Tibet septentrional) Shangri-La charme ses hôtes par la richesse culturelle et la beauté naturelle de ses lieux. La vieille ville aussi appelée Zhongdian 中甸 ou Gyalthang a brûlé en janvier 2014, mais les travaux de reconstruction sont presque terminés. Nous pouvons visiter ainsi les différents temples de la vieille ville notamment celui de BaiJi Si 百鸡寺, dont la promenade sur la colline vous donne à voir l’ensemble du plateau de Shangri-La. Les centres d’artisanats tibétain ou celui de peinture traditionnelle tibétaine (tangka) ou encore le musée de médecine traditionnelle tibétaine sont autant d’occasion de découvrir la culture locale.

Shangri-La 香格里拉 སེམས་ཀྱི་ཉི་ཟླ་གྲོང་ཁྱེར།

Se réclamant du lieu mythique de Shangri-La décrit dans le livre Lost Horizon (1933) de James Hilton, la ville de Zhongdian renommée en Shangri-La en 2001 est à la fois la meilleure base pour découvrir le Tibet méridional, ses montagnes et sa vie locale, et également pour faire l'expérience du tourisme chinois de masse - comme à Lijiang - si vous avez la malchance de venir au mouvais moment. Mentionnons tout de même que cette affluence a beaucoup perdu depuis l'incendie du grande partie de la vieille ville historique en 2014.
Il n'en reste pas moins que la nature qui entoure cette ville située à 3300m d'altitude est splendide en toute saison dont les montagnes sacrées, le lac saisonnier 纳帕海 et ceux de Pudacuo 普达措 (Bita & Shudu)... Les lieux sacrés ne sont pas en reste avec différents temples (dont celui de Ringha 大宝寺 accessible à pied, compter 4 heures de randonnée) et bien sûr les monastères dont la formidable lamasserie de Songzanlin དགའ་ལྡན་སུམ་རྩེན་གླིང་ 松赞林寺 au Nord de la ville. De manière générale, la vie rurale a gardé l'essentiel de la tradition (à part quelques tracteurs ici et là) et c'est une porte d'accès remarquable pour commencer à saisir la grandeur de la civilisation tibétaine et les tressauts parfois dramatiques de l'histoire récente.
De nombreuses randonnées de quelques heures à plusieurs jours sont possibles dans la région de Shangri-La. Il est notamment possible de rejoindre le massif de Haba et les Gorges du Saut du Tigre, en direction de Lijiang (au Sud), de partir plein Est vers le Sichuan et le lac Lugu, voire le district de Muli (un autre "Shangri-La"), ou vers le Nord et le massif de Baima, la petite ville de Benzilan et au delà la province du Tibet toute proche. À bon entendeur...

Yongzhi 永芝

Sur la route du thé et des chevaux

Petit village encaissé à la croisée de trois vallées dans le conté de Yunling, au sud de Deqin, non loin du fleuve Mekong, Yongzhi était jusqu'à quelques années le village parfait pour des excursions à la journée ou sur plusieurs jours (ou pour plusieurs semaines comme l'agence Amiwa l'a organisé par le passé). Situé sur le sentier historique de la grande kora (circambulation) de la montagne sacrée Meili, c'était le point de départ d'aventures au long cours... Depuis une route de bitume qui a partiellement défigué le village relie la préfecture de Deqin à celle de Gongshan (via les cols enneigés et les alpages, jusqu'au village de Dimaluo). La route a été construite sur l'ancien sentier muletier par lequel les caravanes chargées de thé et d'autres biens (fourure, musc, sel, autre denrées) traversaient le massif de Biluo.
Heureusement, d'autres marches magnifiques (à commencer par ladite kora) sont toujours parcourus des locaux et des pélerins (et de nos guides..).

Benzilan 奔子栏

Sur la route du thé et des chevaux

À une heure et demie au Nord de Shanghri-La, sur la route de Deqin, cette bourgade appelée Ponzera en tibétain - ancienne halte notable des caravanes - est un mélange intéressant de la tradition tibétaine et de la modernité chinoise, mieux équilibré qu'ailleurs. Sur la rive du fleuve Yangzi (appelé fleuve Jinsha dans le Yunnan), il fait face au village de Wakua au Sichuan. L'intérêt majeur des lieux est le monastère de Dongzhulin 东竹林寺 quelques minutes plus au Nord dans le village de Shusong 书松, construit en 1667, qui offre une ambiance et une visite moins policée que le grand monastère de Songzanlin à Zhongdian (i.e. Shangri-La). Le festival de la danse des masques qui s'y tient à l'automne est mémorable. À proximité, on peut apercevoir les méandres en forme de U du fleuve Yangzi parfois appelés "Coude de la Lune".
De nombreuses excursions sont possibles dans les alpages des vallées adjacentes, de quelques heures à plusieurs jours : à l'Ouest le massif sacré de Baima est un terrain de jeu inépuisable où la faune et la flore sont bien préservées (nombreuses espèces endémiques protégées) et le massif sacré de Balagezong à l'Ouest promettent aux randonneurs de pousser leur limites, entre les altitudes de 3500 et 5500 mètres...

Deqin 德欽 བདེ་ཆེན་རྫོང་

Sur la route du thé et des chevaux

Chef lieu de la préfecture de Diqing (avec 2 i et 1 g), la ville de Deqin (avec 1 e, 1 i et pas de g) a perdu son charme du début des années 2000 avec une transformation intégrale (comprendre plus de béton mais aussi des habitations plus confortables) et consiste désormais en un hub routier qui permet de changer de vallée entre celle du Mekong et celle du Yangzi. Pour les chanceux qui obtiennent le sésame, c'est aussi l'étape requise sur la Nationale 214 pour entrer dans la province du Tibet, ou plus récemment c'est la dernière étape avant d'aller visiter les vignes de chais français récemment construit.

Baishuitai 白水台

Sur la route du thé et des chevaux

Situé sur l'ancienne route des Gorges du Saut du Tigre vers Shangri-La dans le conté de Sanba 三坝乡, après le village de Haba, le hameau de Baidi héberge des terrasses calcaires - appelées terrasses d'eau blanche en chinois, Baishuitai - qui attirent les curieux et les géologues. Sans avoir la grandeur de celles de Egerszalók (Hongrie), des Mammoth Hot Springs au Wyoming, de Pamukkale (Turquie) ou de Huanglong au Nord Sichuan, les terrasses de Baishuitai sont une pause bienvenue sur la magnifique route qui traverse l'arrière-pays de Shangri-La.
Baishuitai est aussi un lieu historique clef pour le peuple Naxi de Lijiang car c'est ici que serait né la culture Dongba. Un shaman dongba s'y serait arrêté avant de commencer à répandre les pratiques rituelles inspirées de la religions bönpo. Cette forme d'animisme chamanique est ici célébré tous les ans au printemps. L'écriture pictographique dongba est d'ailleurs encore utilisée aujourd'hui.
Il est possible de rejoindre Baishuitai à pied depuis le village de Haba (environ une 20aine de km).

Cizhong 茨中

Sur la route du thé et des chevaux

Anciennement petit village devenu paisible sur les coteaux du Mékong, Cizhong a connu les affres de l'histoire des Marches de l'Himalaya avec l'arrivée des missionnaires chrétiens, souvent chassés et maltraités par leur concurrents religieux lamas. Cette terre de mission au 19e siècle a connu une pax sinica en 1952 avec l'exclusion des derniers missionnaires. Une forme de sérénité imposée a suivi jusqu'aux années 2014-2018 qui ont vu le gouvernement local investir massivement (lire : ont détruit les maisons anciennes pour les remplacer par des lotissements). Seuls l'église centenaire et le petit vignoble de son clos témoigne de cette époque dans une modernité parfois déprimante.
Heureusement les autres villages de la vallée, chrétiens pour certains, bouddhistes pour les autres, ont su bénéficier des routes et du développement de manière plus harmonieuse et de nombreuses excursions à la journée ou sur plusieurs jours se font. La traversée du massif de Biluo vers Dimaluo et Bingzhongluo, si elle se mérite par sa difficulté, est notamment une fête pour les yeux tant les cols et les paysages sont à couper le souffle.
Un petit article écrit il y a presque 10 ans donne un peu à vivre cette ambiance si originale de Cizhong lors des fêtes de fin d'année : amiwa.fr/cizhong

Variante vers le fleuve Salween et Bingzhongluo

Parallèle au fleuve Mékong qui serpente de Deqin vers Weixi, la vallée du fleuve Salween suit un cours parallèle (et passe par les villes de Gongshan, Fugong et Liuku). Dans sa partie Nord, d'anciens villages (pour part devenus catholiques au 19e siècle) représentaient autant d'étapes sur la Route du Thé en direction du district de Chawalong et de la province dite autonome du Tibet.
Pour les quelques téméraires que plusieurs heures de pistes défoncées n'effraient pas, il est désormais possible depuis 2 ou 3 ans de se rendre en voiture (ou à pied !) dans ses villages (notamment celui de Bingzhongluo) pour y apprécier une nature encore très sauvage. Les vieux villages paisibles connaissent une bétonisation déprimante mais les montagnes des alentours gardent leur majesté.

Pour ceux que l'amour de la marche en montagne l'emporterait sur le plaisir de la découverte culturelle (ou ceux qui peuvent prendre assez de temps pour les deux), nous vous encouragons à jeter un coup d'oeil à ces pages suivantes qui présentent, sans exhaustivité, quelques itinéraires de une semaine (itinéraires découverte, itinéraires d'une semaine) ou de deux semaines...